MÉMOIRE DE L’UNIVERSITÉ CARLETON

Je suis sûre que nous convenons tous que l'investissement dans l'enseignement supérieur est l'un des meilleurs investissements que puisse faire le gouvernement pour l'avenir de la nation. Aujourd'hui, j’affirme qu'un investissement dans un enseignement entrepreneurial est encore meilleur.

Ayant vécu et travaillé aux États-Unis, je constate une différence très importante entre les meilleures universités américaines, comme Stanford et le MIT, et nos excellentes universités canadiennes. À Standford et au MIT, les étudiants sont censés lancer au moins deux entreprises avant l'obtention de leur diplôme. Les anciens sont censés jouer le rôle de mentors auprès de ces étudiants et financer au moins une entreprise par an créée par un étudiant. Les enseignants eux-mêmes sont des exemples de cet esprit d'entreprise, un point tel que le salaire qu'ils reçoivent à ce titre n'est qu'une partie minime de leur revenu annuel total. Tel n'est pas le cas Canada. Si un enseignant a une entreprise, il n'en parle pas. Si un étudiant crée une entreprise, il est dans la minorité. Bon nombre d'universités des États-Unis gèrent des incubateurs en partenariat avec le gouvernement. Bon nombre d'universités des États-Unis ont des fonds importants d'investissement providentiel qui leur permettent d'encourager la croissance de nouvelles entreprises. Beaucoup abritent également non seulement des cabinets de recherche et de développement mais aussi des services appariant leur propriété intellectuelle avec des entreprises et offrent un environnement qui engendre les synergies requises pour stimuler la croissance économique. Tel n'est pas le cas au Canada. Si un enseignant a une entreprise, il n'en parle pas. Si un étudiant crée une entreprise, il est dans la minorité.

Les petites et moyennes entreprises sont la colonne vertébrale de l'emploi et de l'économie. Nous devons en accroître le nombre en en créant de nouvelles. Nous savons également que les jeunes pousses basées sur des recherches compétentes et gérées par des personnes créatives qui comprennent les affaires ont de plus grandes chances de succès. Nous constatons aussi qu'il est assez fréquent que les entreprises canadiennes se développent jusqu'à un niveau intermédiaire mais ne vont pas plus loin. Il leur manque les compétences, le capital, les relations, la motivation et (ou) les connaissances nécessaires pour accroître leur chiffre d'affaires. Trop peu d'entreprises canadiennes sont des acteurs notables sur le marché mondial.

Les universités possèdent la capacité prouvée de créer un environnement au sein duquel l'esprit d'entreprise peut s'épanouir. Elles peuvent enseigner les compétences en affaires et en gestion les plus appropriés pour la nouvelle économie tout en mettant en contact des idées, des recherches solides, des étudiants innovateurs et de sages investisseurs. À l’Université Carleton, les enseignants oeuvrent déjà pour créer un nouvel état d'esprit parmi les étudiants et rehausser la capacité de développement dans la communauté. Rien qu'en 2011, Carleton a été à l'origine de 75 nouvelles entreprises actives dans la région d'Ottawa-Gatineau, d'entreprises en coparticipation avec Campignas Sao Paulo au Brésil, Odense au Danemark, et Jiangsu en Chine. En même temps, tous les étudiants de l'université, de toutes les disciplines, ont participé à un concours « Des idées pour changer le monde ». Des étudiants en affaires de tout le pays ont été invités à dresser des plans d'entreprise et ont reçu les moyens de voir leurs plans prendre forme. Des équipes d’étudiants et des professeurs ont été invitée à proposer des entreprises à des investisseurs providentiels en visite des États-Unis. Douze enseignants ont combiné leurs recherches à du développement par le truchement d'entreprises dont ils sont eux-mêmes responsables. Des membres de la communauté jouent le rôle de mentors auprès d'étudiants en sciences ayant des concepts potentiels de développement d'entreprises. Des anciens investissent dans la prochaine génération d'étudiants entrepreneurs. Les enseignants ont créé une mineure en entreprenariat qui peut être combinée à une majeure de n'importe quelle discipline offerte à l'Université Carleton. Tout cela est fort impressionnant mais nous pourrions faire encore beaucoup plus. Notre « Ideas Greenhouse™ » est un terrain fertile pour des esprits brillants, des concepts innovateurs et l’énergie de la jeunesse (les esprits jeunes, en tout cas) et le désir de réussir.

Beaucoup de pays appuient les universités dans leurs efforts pour lancer et développer des entreprises et contribuer à leurs économies régionales. Au Canada, la mission des universités s'est élargie au cours des années. D'établissements d'enseignement qu'elles étaient, les universités sont devenues des moteurs de recherche et des leaders en engagement civique et en responsabilité sociale. Aujourd'hui, nous considérons que ce rôle élargi est possible, naturel et nécessaire. Le défi consiste à financer une autre activité qui se situe à l'extérieur des attentes de ceux qui payent des droits de scolarité et des gouvernements provinciaux appuyant les activités en salle de classe. Ce nouveau rôle exige un important investissement fédéral et promet un rendement extraordinaire, dépassant de loin la valeur de l'investissement initial.

Ce mémoire ne contient qu'une recommandation : appuyer la mission entreprenariale des établissements d'enseignement supérieur. Cela pourrait se faire de plusieurs manières : (1) octroyer des fonds aux conseils nationaux de subventionnement qui font le lien entre la recherche et son impact socio-économique. En particulier, certains des nouveaux programmes d'innovation offerts par les conseils et des programmes qui encouragent l'obtention de fonds de contrepartie du secteur privé sont particulièrement bénéfiques dans ce contexte ; (2) octroyer du financement d'amorçage aux établissements d'enseignement supérieur pour l'infrastructure afin de commencer à bâtir des passerelles régionales et internationales pour des entreprises commerciales et en participation, notamment des marchés émergents et des pays du « BRIC » (ce financement pourrait être accordé pour une période de trois à cinq ans, après quoi ces projets devraient être capables de s'autofinancer) ; (3) financer un concours national d'entreprenariat géré par « Ideas Greenhouse™ » de Carleton. Le gouvernement fédéral devrait financer « Ideas Greenhouse™ » de Carleton pour examiner ce qu'il serait possible de faire au Canada. Ce concours réunirait des entrepreneurs jouant le rôle de juges chargés de sélectionner les 10 meilleures idées méritant d'être exploitées chaque année au Canada. Chaque gagnant obtiendrait des locaux à l'université et une somme de 50 000 $ pour mettre au point un prototype ajoutant de la valeur à la PI. Ces projets seraient commercialisés internationalement mais, puisque les gagnants devraient accepter de partager leur PI avec le gouvernement du Canada, ce dernier pourrait exiger que l'acheteur accepte de développer le concept au Canada d'abord. Cela créerait des entreprises et des emplois durables. Le gouvernement investit aujourd'hui dans le développement des petites entreprises mais ses investissements ne sont pas tous rentables. Dans le cas présent, le gouvernement investirait dans des gagnants sûrs. La diffusion d'informations sur ces projets dans le pays stimulerait l'imagination des citoyens, et un nouvel esprit d'innovation et d'entreprenariat s'entretiendrait alors tout seul.

« Ideas Greenhouse™ » de Carleton réduira l'écart entre les entrepreneurs étudiants et les premiers clients, et mettra en relation des opportunités, du capital, de l'énergie et des connaissances sous des formes qui développeront nos régions. Il est urgent pour nous tous que nous investissions dans l'entreprenariat dans l'intérêt des étudiants et des diplômés récents des établissements d'enseignement supérieur du Canada. Nous devons faire preuve d'un solide leadership et d'une gouvernance déterminée pour promouvoir une culture encourageant l'entreprenariat chez nos jeunes.

Nous calculons que le taux de rendement de votre investissement sera de 3 000 % sur la base de la valeur de rente et de 120 % sur la base du rendement d'une seule année.